Chapitre 9
L'amour, rien n'est plus beau et précieux que d'aimer et d'être aimé en retour. On ne choisit pas par qui, pourquoi. Mais quand cela nous arrive, cela nous transporte au-delà du temps, au-delà de tout. Aimer, ça nous rend vivant, ça nous rend meilleur... Mais aimer peut aussi nous détruire et faire souffrir. L'un dans l'autre, on ne cesse jamais d'aimer...
Mais parfois la vie est cruelle, cet amour que l'on croyait avoir acquis disparait... Et cela Helena en sait quelque chose. Elle a beau faire, elle ne peut rien changer et bien qu'elle remette toujours à demain les grandes décisions. Aujourd'hui, elle n'a plus le choix... C'est le coeur lourd qu'elle essaye de ne pas penser à ses soucis. Mais l'horloge tourne, il va falloir faire un choix.
On ne peut pas toujours remettre à demain ce qu'il faut faire...
Malgré tout, Helena reste égale à elle-même. Comme chaque matin, elle fait le tour de ses proches et vient en aide à celui qui en a besoin. Elle ne peut pas concevoir sa vie autrement. Son père là élever ainsi, la première personne qu'il a aidé c'est Jared le jour où il là adopté. Cela fut une révélation pour la jeune femme : pourquoi ne pas aider ceux qui en avaient besoin ?
Mais à l'heure actuellement, ses soucis personnels n'étaient pas à l'ordre du jour. Elle pensait beaucoup à son frère. À dire vrai, elle y pensait jour et nuit. Voilà bientôt deux ans qu'il avait changé du tout au tout. D'un homme fiancé et futur papa. Il était passé à un don Juan, il enchaînait les conquêtes. Il était devenu un homme méconnaissable, certes la vie ne lui avait pas fait de cadeaux. Mais sa vie de débauche devait cesser, il se mettait toutes les femmes à dos bien qu'il les prévenait de ne vouloir qu'une relation d'un soir. Elles souffraient toutes... Et même s'il prétendait le contraire, Helena savait que lui aussi il en souffrait également.
Et c'est pour cela, qu'aujourd'hui elle comptait lui dire sa façon de penser. Les années passent et un jour, il se réveillera avec des regrets. Lana était morte, mais elle n'aurait pas voulu un tel avenir pour Jared. Aussi, pour honorer sa mémoire, elle comptait bien le remettre dans le droit chemin au risque de subir sa colère. Car Jared en plus d'être malheureux, il s'en voulait d'être partie ce jour-là. De ne pas avoir état là, pour lui rien ne serait arrivé s'il n'avait pas été travaillé ce lundi de juillet...
Loin de deviner que sa soeur allait faire irruption d'un instant à l'autre. Jared et Monica étaient en train de savourer ce début de matinée à deux. Du moins Monica en profitait, Jared quant à lui dans un état second répondait aux avances de la jeune femme tel un automate. Il détestait ses matinées, durant lesquelles, il cherchait une bonne excuse pour expédier chez elle sa maitresse du moment. Encore plus quand c'était sa voisine d'en face.
Monica se colla le plus possible contre son amant, elle voulait sentir la chaleur de son corps sur le sien, ses lèvres contre les siennes, ses caresses contre sa peau, elle voulait qu'il lui demande de rester... Elle ferait tout pour être avec lui, pour ne pas devoir le quitter. Mais cela ne mènerait à rien. Il était têtu, pour lui, elle n'était qu'une aventure parmi tant d'autres, un moyen pour l'aider à oublier la seule femme qu'il n'a jamais cessé d'aimer et qu'elle a tué croyant que cela suffirait pour qu'il l'aime elle et personne d'autre.
Mais il y a une marge entre vouloir et avoir. Cela fait toute la différence. Elle avait cru gagner, mais bien que Lana fut morte depuis bientôt deux ans. Jared lui vouait un amour éternel. Et elle ne pourra jamais rivaliser avec elle, même morte.
À contre-coeur, elle quitta les bras du beau brun. Profitant des premières heures de la matinée et contrairement à son habitude, elle s'incrusta et prit place sous la véranda.
Mais Jared n'étais pas dupe, aussi il dit le plus calme possible :
- Il faut que tu partes Monica.
- Un instant, rien ne presse dit la concernée d'une voix suave espérant poursuivre ce qu'ils avaient commencé.
- Monica parce que tu es la soeur de Nathaniel, je ne me mettrais pas en colère mais, je veux que tu aies quitté la maison dans vingt minutes.
Monica ne pouvait plus garder son calme face à lui. Aussi, elle dit malgré elle :
- il n'y aura qu'elle n'est-ce pas ?
- Pourquoi te répondre, alors que toi-même tu connais la réponse?
- Tu trouves ça bien de nous traiter toutes comme de la merde ?
- Je n'ai pas honte, si tu veux savoir mentit le jeune homme. Je vous préviens toutes : une nuit sans attache, pas de promesse, pas d'avenir à deux, que du sexe.
- Mais moi tu me rappelles ! Pourquoi ?
Sans attendre sa réponse, Monica se rapprocha de lui le regard suppliant. Elle voulait savoir, elle devait savoir.
- Que veux-tu que je te dise ? Que je t’aime ? Que je te désir ? Tu veux vraiment que j’agisse comme le pourri que tout le monde dit que je suis ?
- Non mais je… dit-elle touchée devant la peine qui émanait de Jared.
- Je suis peut-être un homme à femmes. La luxure et le travail m’aident à ne pas penser à « elle », mais je ne vais pas te mentir. Tu es juste la voisine d’en face, tu es disponible et nos escapades nocturnes ne semblent pas te déplaire.
- Tu es toujours aussi direct ! fit Monica fuyant le regard de son partenaire d’un soir de peur qu’il ne lise la peine sur son visage.
- Je ne veux pas que tu aies de faux espoirs, tu es une belle femme. Mais je ne t’apporterai jamais ce que tu attends de moi j’ai déjà donné.
- As-tu au moins essayé ? Dès le début, j’ai été là pour toi, je ne suis pas une mauvaise personne et on s’entend bien non ?
Toujours aussi direct, Jared évita de la regarder et dit :
- le sexe ne fait pas tout dans un couple Monica et si je voulais une femme pour refaire ma vie, ça ne serait pas toi. On n’est pas fait pour être ensemble. Nous n’avons pas les mêmes valeurs, les mêmes rêves…
- Si tu n’étais pas un coureur de jupons, je pourrais te prendre pour un romantique ironisa Monica vexée.
Jared regarda le paysage par la fenêtre. Ce dernier avait beaucoup plu à Lana. Toutes ses plantes, ses fleurs multicolores avaient fait battre le cœur de la jeune femme.
« Je veux cette maison. C’est une vraie palette de couleurs, j’ai hâte de voir le bébé courir ici et là. » Avait dit Lana en tournoyant dans le jardin par une matinée ensoleillée.
- J’aurais pu vendre cette maison et partir fit Jared pleins de regrets dans la voix. Mais je n’arrive pas à m’y résoudre. Lana semble y être partout. Dans les fleurs, dans la décoration, dans la pièce de musique... Elle a tout choisi. Vivre ici, c’est vivre avec elle dans un sens.
Voulant tenter le tout pour le tout, Monica se jeta dans ses bras puis elle dit tendrement :
- comme je suis désolée, j’aimerais pouvoir t’aider. Te la faire oublier…
- Monica lâche moi…
- J’aurais voulu rester là, mais on c’était disputé et elle m’a demandé de partir.
- Je ne veux plus parler de cela, s.t.p Monica… Je ne t’en veux pas, tu y es pour rien.
- Mais si j’avais pu l’aider tu m’aimerais peut-être .
Jared s’arracha à son étreinte, il fallait qu’il parte au plus vite. Travailler l’aidera à ne plus penser, et une nouvelle conquête pour ce-soir lui permettra de ne pas se sentir seul ce-soir. Car la solitude le rongeait, c’était cela son problème. Il ne pouvait pas dormir dans un lit seul, il avait besoin de sentir une présence, pour s’imaginer qu’à son réveil, "elle" sera de nouveau là… Même si cela n’arrivera jamais. On ne revient pas de la mort, il le savait bien.
Monica l’enlaça de nouveau et dit insistante :
- on pourrait reprendre ce qu’on n’a pas laissé en suspend hier soir .
C’est à cet instant que Helena décida de montrer sa présence, elle avait assisté à une bonne partie de leur conversation et c’est un peu honteuse qu’elle dit :
- bonjour, désolé de vous déranger. Je suis passé t’amener ton petit déjeuner. Un bon pain de campagne tout chaud n’attend que toi Jared.
Le jeune homme profita de la présence de sa sœur pour fuir les bras de Monica. Elle venait de l’aider sans le savoir. D’un air désolé il dit :
- Helena, je ne savais pas que tu passais ce matin.
- Je voulais m’entretenir avec toi au sujet de quelque chose.
Puis regardant en direction de Monica, elle ajouta :
- je m’entretiendrai avec toi après, mais avant il serait bon pour Monica, qu’elle rentre chez elle.
Furieuse, Monica fit la grimace. Elle n’avait jamais aimé Helena et c’était réciproque. La blonde avait vu en elle son vrai visage, dès leur première rencontre, elle avait vu en la brunette le mal. Bien que gentille avec tout le monde, Helena avait toujours été méfiante envers Monica. Le jour où elle avait découvert le corps de Lana, elle avait tout de suite interrogeait la sœur de Nathaniel.
- Helena, quel plaisir de te voir ! ironisa la maitresse de Jared en grimaçant.
Nullement impressionnait par la fausse gentillesse de la jeune femme, Helena reprit :
- tu devrais t’habiller si tu ne veux pas prendre froid.
- Oh mais c’est qu’elle joue son St Bernard ! Même avec celle que tu détestes ! Comme c’est mignon ! fit Monica moqueuse.
- Je ne te déteste pas Monica, seulement je veux être seule avec mon frère.
Furieuse comme à chaque fois qu’elle est en présence de la blondinette, Monica explosa :
- Oh arrête de jouer à ce petit jeu avec moi ! Je suis franche moi et oui je te déteste. Je déteste ton petit air Angélique, ta fausse gentillesse avec tout le monde. Personne ne peut être aussi gentil, je n’y crois pas ! Et je ne suis pas la seule !
- Monica ! Intervient Jared impuissant.
Helena choquée essaya de se défendre :
- comment oses-tu être aussi mesquine alors que je ne t’ai rien fait ?
- Ta seule présence suffit pour me mettre hors de moi. Je n’aime pas les gens comme toi qui mettent les personnes dans des cases sans même apprendre à les connaitre.
- Ce n’est pas le cas se défendit Helena.
- Oh que si ! Tu n’as jamais essayé de m’inclure dans vos brunchs, vos journées entre files ! Lana ne m’aimait pas, alors tu as fait pareil ! Tu es une hypocrite ! Je n’étais pas une fille bien pour vous, pour vous je ne suis qu’une garce qui ne pense qu’à mettre le grappin sur un homme avec une bonne situation !
S’en fut trop pour Helena, d’habitude si calme elle sortit de ses gonds :
- comment peux-tu dire de tels mensonges ! Tu n’as jamais voulu être ami avec nous ! Tu ne pensais qu’à une chose : mettre Jared dans ton lit ! Et aujourd’hui, tu l’as rien qu’à toi. Mais il ne sera jamais à toi corps et âme sache-le !
Jared touché par les paroles de sa demi-sœur la regarda tout en gardant le silence. Elle disait vrai, il l’avait compris dès le début. Jamais il n’aurait trompé Lana pour autant si elle était toujours vivante.
- Tu là laisses me parler comme cela ! dit Monica d’un ton plaintif.
Jared se passa une main dans les cheveux et dit calmement :
- écoute Monica, il serait temps que tu partes.
- On couche ensemble et tu me jettes pour ta sœur .
- Ce n’est pas ça, je t’avais déjà dit de partir avant son arrivée.
- Elle a raison n’est-ce pas ? Jamais tu ne seras avec moi comme tu as été avec cette rouquine . Même si je devais mourir demain tu passeras vite à autre chose…
Jared devait être franc une bonne fois pour toute, après s’être raclé la gorge, il dit le plus calmement du monde :
- Lana et moi c’était comme une évidence, on se connaissait depuis notre adolescence. Elle est la seule femme que j’aimerai. J’ai beau te le faire comprendre, tu ne veux rien savoir. Je ne peux pas te donner ce que tu espères. Tu es une fille adorable, mais je ne t’aimerais jamais. Le sexe me sert pour oublier le vide que Lana a laissé dans ma vie. Il n’y aura jamais rien d’autre.
- Mais… Je te laisserais le temps qu’il faudra. Fit Monica suppliante. Je t’aime !
- Moi je ne t’aime pas. Et pour le bien de tous, on ne doit plus se voir.
Monica ne fut pas surprise par cet aveu, il lui avait déjà dit depuis un moment. Mais secrètement, elle avait espéré que le temps jouerait en sa faveur. Ravalent la boule qui se formait au creux de sa gorge, elle grimaça et dit :
- puisque c’est ce que tu désir. Mais ne compte pas sur moi pour venir pleurnicher à ta porte. Mieux, quand elles se lasseront toutes de toi et que tu seras seul dans ton grand lit, ça ne sera pas la peine de me téléphoner.
C’est ainsi que Monica quitta la maison de Jared et sa vie du moins l’espérait-il. Helena encore sous le choc resta les yeux rivés sur la porte qui venait de claquer. Quelque chose lui dit qu’elle n’avait pas fini d’entendre parler de « la voisine d’en face ».
- Je pense que tu l’as profondément blessé. Mais tu n’es pas le seul à blâmer. Je n’ai pas été gentille avec elle. Mais comment le pourrais-je ? Elle a toujours eu une si mauvaise image de Lana et moi.
Jared regarda sa sœur et dit doucement comme s'il parlait à lui-même :
- tu n’as rien à te reprocher, je suis le seul coupable dans cette histoire. Je sais depuis le début qu’elle ressent quelque chose pour moi et cela ne m’a pas empêché de me servir d’elle. Je… je suis un monstre dit-il dans un souffle.
Il avait de plus en plus de mal à se regarder dans un miroir, il avait honte de l’homme qu’il était devenu, Lana aurait bien honte de lui si elle pouvait voir l’homme qu’il était aujourd’hui.
Même s’il savait qu’il faisait souffrir beaucoup de personnes, il ne pouvait pas se résoudre à reprendre une vie normale. Il n’y arrivait pas, il ne pouvait pas penser un seul instant qu’il tombera amoureux de nouveau, qu’il aimera comme il avait aimé Lana. L’amour le vrai… Peut-on le vivre une seconde fois ? Peut-on aimer quand notre cœur est brisé en mille morceaux ?
Chassant la douleur qui le faisait souffrir comme à chaque fois qu’il repense à son amour perdu, Jared secoua la tête et dit :
- Sinon dit moi, pourquoi voulais-tu me parler ?
Sans attendre la réponse d’Helena, le jeune homme prit place face à elle. Cette dernière avait pris une portion généreuse du pain qu’elle lui avait apporté, elle approcha son assiette devant-elle et dit :
- je dois prendre une décision et j’ai beau savoir que je n’ai pas d’autre choix, je n’arrive pas m’y résoudre.
- Tu vas enfin divorcer dit-il en osant à peine affronter son regard rempli de tristesse.
- Ai-je le choix ? Demanda-t-elle la voix remplit de chagrin. Notre couple n’allait déjà pas fort quand tu étais avec Lana. Il a cessé d’exister à sa mort. Tu pleures là de la femme que tu aimes toujours après sa mort et moi j’aime un homme qui ne m’aime plus…
Jared but une gorgée de son café encore chaud et dit sincère :
- je suis désolé, j’aurais vraiment aimé qu’il te revienne. Mais peut-être est-ce mieux ainsi. La vie, ne vous a pas épargné tous les deux.
- Oui mais si notre couple avait survécu cela m’aurait suffi… Je... peut-être dis Helena dans un souffle. Je ne sais pas si j’aurais pu vivre sans un enfant de lui, mais vivre sans lui cela m’est encore plus insupportable…
Sa voix se brisa, comme à chaque fois qu’elle pensait à Julian. Pourtant, elle avait de la chance il était bel et bien vivant contrairement à Lana. Mais l’amour à sens unique était un douloureux fardeau.
Jared se leva et regarda sa sœur sans trop savoir quoi lui dire, les rapports humains n’avaient jamais été faciles pour lui. Il était avocat certes, mais son métier le passionnait tellement qu’il en oubliait le reste. Mais là ce n’était pas une plaidoirie il était face à sa sœur, celle qu’il l’avait accueilli à bras ouverts jadis quand son père l’avait adopté.
- Je voudrais pouvoir te dire que je comprends, mais moi-même je n’arrive pas à passer à autre chose. Le temps peut-être te fera oublier, on l’espère tous.
Comme à son habitude, Helena reprit le dessus, tout en mangeant son pain pour se donner une contenance elle dit :
- je suis venue également te dire que j’ai trouvé une solution en ce qui concerne ton problème de secrétaire.
- Ah bon ? Et c‘est quoi ? Tu penses que je devrais engager un homme . Tu sais j’en suis arrivé à un point ou je pense que je ne devrais plus fréquenter de femmes…
- Non je t’ai trouvée une secrétaire. Et c’est bien une femme.
Jared qui ne comprenait rien éclata de rire et dit :
- tu me reproches d’être un homme immoral et tu m’envoies une fille ? Cherche qui de nous deux est fou !
- Attention Jared ! Je t’aime profondément, mais je ne peux pas régler tous tes problèmes ! Tu n’as aucun soucis à te faire la secrétaire en question n’est autre que Lizzie.
Jared qui ne supportait pas cette fille explosa littéralement :
- quoi ! Tu m’envoies cette idiote !
- Jared ! Je ne te permets pas de la traiter de la sorte. Lizzie est-une fille très bien. Ces séances avec Nathaniel lui font beaucoup de bien.
- Oui et qui les lui payent ?
- Nathan ne les lui factures pas avoua Helena à contre cœur.
- Ben voilà ! Elle a trouvé le moyen de profiter de vous et elle n’est pas prête de partir…
- Jared ! Le gronda Helena d’un ton sévère.
Levant les bras au ciel, Jared reprit nullement impressionné par le regard sévère de sa demi-sœur :
- j’ai raison et tu le sais. Tu ne peux pas constamment apporter ton aide à la première venue ! À ton avis qu’est-ce qui à éloigner Julian de toi ? Il en avait assez de te voir faire passer les autres avant lui. Et tu continus ! Cette fille ne t’apportera que des ennuis. Elle joue sa petite fille amnésique et vous êtes tous compatissants…
Voyant qu’il avait dépassé les bornes, il fuyait son regard honteux. Puis il dit rapidement :
- Désolé grande sœur, je sais que tu veux toujours m’aider. Mais je veux t’ouvrir les yeux, les gens ne sont pas tous aussi gentil que toi et un jour tu vas regretter de toujours donner sans rien recevoir en retour.
- Je ne regretterais jamais, papa aidait toujours tout le monde et cela lui procurait toujours beaucoup de joie.
- Mais lui il n’a pas perdu la femme qu’il aimait à cause de son grand cœur.
S’en était trop, elle n’en supportera pas davantage. Se levant tout en essayant de retenir ses larmes Helena dit :
- Peut-être… Mais qu’ai-je à perdre aujourd’hui ? Julian m’a fait comprendre qu’il était temps que nous divorcions et il veut vendre notre maison.
- Je suis…
- Désolé ? Oui je sais et je t’en remercie Jared. Mais je t’en prie donne-lui une chance. Fait le pour moi…
Jared qui avait déjà fait trop de peine à sa sœur pour aujourd’hui finit par craquer et dit :
- très bien ! Je vais la prendre à l’essai, mais si je le fais c’est pour toi. Qu’elle ne va pas s’imaginer que je suis aussi gentil que toi !
- Oh merci ! S’exclama Helena contente pour son amie. Je lui dirais de passer après midi à ton bureau.
- Qu’elle vienne en fin d’après-midi et surtout qu’elle ne soit pas en retard !
Comme convenu, ce fut en fin d’après-midi que Lizzie arriva au cabinet de Jared.
Un peu éloigné du centre-ville, ce dernier travailler dans une petite maison transformée en cabinet d’avocats. D’après Helena, sa défunte femme l’avait aidé à transformer cette maison en un lieu confortable pour lui travailler. Pour éloigner le stress du travail, elle avait fait en sorte que la maison garde son charme, tout en restant adapter pour son activité.
Une note à l’entrée annonçait « sonnez et entrez ». Aussi, Lizzie ne se fit pas prier et alla s’installer dans le petit salon aménagé pour les visiteurs. Elle se tortilla sur son siège mal à l’aise.
Elle avait changé de look pour paraître plus mure, mais surtout plus professionnelle. Adieu les mèches rouges, elle avait retrouvé sa couleur d’origine. Celle qu’elle avait à sa naissance jusqu’à l’âge de ses seize ans.
« J’espère que tout va bien se passer pensa la jeune fille nerveuse. Je veux leur prouver que je n’ai pas de mauvaises intentions. »
Comme il se faisait attendre, Lizzie fit les cent pas dans la salle d’attente. C’est à ce moment que Jared fit irruption dans la pièce. Il n’avait pas particulièrement envie de la revoir aussi préféra-t-il l’observer un instant. Elle n’avait même pas entendu qu’il était entré dans la pièce.
Mais à cet instant, alors qu’il l’observait, une drôle de sensation naquit en lui, il ne saurait pas l’expliquait. Il se sentait différent, pas que cela lui déplaise au contraire... En regardant la jeune femme de dos, il avait cette sensation de déjà vu, il se sentait à la fois gauche et honteux. Ce fut nerveux qu’il dit :
- Lizzie je vais vous recevoir, désolé mais j’étais au téléphone.
Lizzie se retourna lentement pour lui faire face. Et là, se fut comme s’il la voyait pour la première fois. Elle avait changé ou alors il la voyait pour la première fois. Elle avait laissé ses mèches rouges pour une chevelure couleur de brune. Cette coiffure à la fois élégante et féminine soulignait son visage aux rondeurs enfantines. Il observa malgré lui ses lèvres pulpeuses maquillaient légèrement, il la trouva tout à fait désirable. Ce qui le surprit puisqu’il l’avait tant détesté. Ce fut sans voix qu’il se trouva face à l’amie de sa sœur. Elle était si différente, si attirante…
Son cœur se mit à battre dans sa poitrine, c’est comme s’il n’avait pas battu ainsi depuis une éternité. Il se sentit à la fois vivant et souffrant face à une Lizzie muette elle aussi devant son mutisme.
Ce fut Lizzie qui revient à elle avant. Mettant autour d’elle ses bras comme pour se protéger. Elle dit timidement :
- quelque chose ne va pas Jared ?
Mais le Jared que tout le monde connaissait reprit vite le dessus. Tournant le dos à Lizzie il dit sèchement :
- tu crois qu’une coiffure et une robe aussi grotesque suffiront pour m’attirer vers toi .
- Je te demande pardon !
- Tu m’as bien comprise ! Si tu as pour but de me mettre dans ton lit, ne te fatigue pas c’est perdu d’avance !
Muette de surprise, la brunette n’essaya même pas de se défendre. Comment pouvait-il penser une telle chose ? Elle qui voulait simplement travailler pour ne pas être redevable envers Nathaniel et Helena.
Puis reprenant le dessus, Lizzie quitta son mutisme et dit d’un ton sec, ton qu’elle ne se connaissait pas :
- tu te crois à ce point irrésistible . Ne rêve pas, sache que la tenue a été choisi par ta sœur tout comme le reste. De plus, tu serais le dernier homme sur terre que je préférai me jeter par la fenêtre plutôt que tu poses les mains sur moi.
Surprise, mais nullement touchée par les propos de sa future secrétaire, Jared rit d’un long rire à faire froid dans le dos :
- tu n’es pas une gamine comme je l’avais cru, tu as de la répartie. Je pense que l’on va bien s’amuser ensemble !
Ne sachant si elle devait en rire ou non Lizzie resta muette. Elle savait qu’elle se lançait dans la fosse aux lions. Mais son cœur lu disait qu’il avait besoin d’être « sauvé ». Helena souffrait de voir son frère aussi mal, elle voulait qu’il retrouve un équilibre dans sa vie. Pour aider Helena, Lizzie était prête à tout même à souffrir à son tour.
- Allez suis-moi, j’ai du travail à te donner. J’espère que tu sais utiliser un ordinateur !
- Euh oui dit timidement Lizzie en sortant de ses pensées.
Quand on aime, on est prêt à tous les sacrifices, pour aider sa famille, ses amis… même si pour cela il faut souffrir. Proche de son but Lizzie fera tout pour sauver celui qui à cesser d’aimer.
Même si pour cela elle doit renoncer aux clés du ciel…
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